Le texte de Guillaume Sarah sur les monnaies au monogramme carolin
..."Les monnaies au monogramme carolin
Les monnaies de Melle du type au monogramme carolin sont sans doute les plus
courantes de toutes les émissions carolingiennes portant un nom d’atelier. On les
retrouve en effet très fréquemment dans les collections, publiques ou privées, et dans
les ventes ; les trouvailles isolées et les trésors correspondant aux périodes où elles furent
émises ne laissent aucun doute quant à l’importance de leur production. L’attribution
de ces pièces à l’un des rois carolingiens du nom de Charles a fait l’objet de débats
depuis le XIXe siècle (6) et, ces dernières années, de plusieurs travaux pluridisciplinaires,
centrés sur le groupe mellois (7). On sait maintenant qu’elles ont été frappées dans un
premier temps sous Charlemagne entre 793/794 et 812, dans un deuxième temps sous
Charles le Chauve de 840 à 877, après une interruption correspondant au règne de Louis
le Pieux, et probablement de manière continue jusqu’au début du Xe siècle, toujours
selon les mêmes types, que le souverain dominant le Poitou se soit appelé Charles ou
non. Malgré des avancées quant au classement et à l’attribution de ces monnaies, certains
exemplaires, s’ils sont pris individuellement ou s’ils appartiennent à un ensemble
monétaire constitué exclusivement de telles pièces comme cela est fréquemment le cas,
ne peuvent être associés avec certitude à un souverain ou à une période d’émission.
Les monnaies melloises du type au monogramme carolin se divisent en trois variétés.
Celles de la première portent au droit la titulature CARLVS REX FR (Carlus Rex
Francorum, Charles roi des Francs) autour d’une croix et au revers le monogramme carolin
entouré du nom de Melle, inscrit sous la forme METVLLO (cat. 1). Les oboles correspondantes
présentent un monogramme carolin dans le champ au droit et la légende
METVLLO en cercle autour d’une croix au revers (cat. 2). Les deniers de la deuxième
variété présentent les mêmes caractéristiques typologiques que ceux de la première,
à ceci près qu’une croix (x, X ou +) est insérée dans la légende du revers (par exemple
METxVLLO, voir cat. 3). Pour les oboles, c’est le monogramme dans le champ au droit
qui est cantonné d’une croisette entre les lettres K et L (cat. 4). Enfin, les deniers de la
troisième variété (cat. 5) prennent modèle sur ceux de la deuxième, avec une croisette
dans la légende du revers, mais sont d’une facture moins bonne, présentent des erreurs
dans leurs légendes (par exemple CARLVS EX F, CVRLVS REX F…) et s’apparentent dans
leur style aux deniers féodaux METALO les plus anciens. Des oboles dont la typologie
est identique à celles de la deuxième variété peuvent être associées aux deniers de
la troisième selon des critères stylistiques (cat. 6).
La composition des trésors indique que les pièces de la première variété ont été frappées
pendant l’ensemble de la période d’émission définie, tandis que le règne de
Charlemagne peut être exclu pour celles appartenant aux deux autres. Les exemplaires
de la troisième variété sont ceux dont la frappe a probablement commencé le plus tardivement,
sans qu’il soit toutefois possible de préciser quand. Les monnaies des trois
groupes sont toutes constituées d’un alliage riche en argent, le plus souvent au-dessus
de 90 %, à deux exceptions près (
. L’analyse récente de monnaies du trésor de Saint-
Même-le-Tenu (Loire-Atlantique) indique que ce titre élevé a persisté à Melle pour les
monnaies au monogramme carolin pendant les années 840-864 (9), ce qui en fait une
exception dans le royaume de Charles le Chauve. Aucune étude pondérale systématique
n’a été entreprise à ce jour sur les monnaies melloises au monogramme carolin.
Les masses relevées pour les exemplaires conservés à la Bibliothèque nationale de France
mettent en évidence une répartition similaire des deniers et oboles des trois groupes,
avec un possible affaiblissement pondéral pour les pièces de la troisième variété.
En dehors des monnaies au monogramme carolin, d’autres types monétaires, moins
connus et plus rares, mais dont l’étude est instructive pour la connaissance de l’organisation
de la production à Melle sous Charles le Chauve, doivent être présentés."...