minotaure
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 | Sujet: Sceau pour les amateurs de chevaux  Ven 26 Avr 2024 - 10:15 | |
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Bonsoir,
Voici un sceau byzantin en plomb dont j'avais aperçu un exemplaire très voisin il y a déjà quelques années mais que je n'avais pas été en mesure d'acquérir alors... Le hasard m'a mis récemment sous les yeux un autre exemplaire, et là j'ai pu l'acquérir (en vente aux enchères) :
 
Plomb ; 9.1 grammes ; environ 21.3 mm ; diamètre du cercle de grènetis, ou du champ utile, 17 mm.
Au droit : un cheval de belle prestance, finement dessiné, tête à gauche.
Au revers : un monogramme cruciforme aux lettres α, ε, θ, ι, κ, λ, ο, τ, υ, φ
Ce monogramme est relativement connu, avec comme souvent quand il y a un θ de considérer que ce θ comporte un ε en son sein.
Ce monogramme exprime le nom-prénom Θεοφυλάκτου
Theophylaktos, ou Théophylacte en langue française
On rencontre ce sceau dans les collections de la Dumbarton Oaks, et également dans les répertoires Zacos :
https://www.doaks.org/resources/seals/byzantine-seals/BZS.1955.1.4510/view
Il n'est donc pas inédit...
Mais la "double question qui n'est pas tranchée" est la suivante :
- Quelle est la signification de ce beau cheval ?
- Quid du personnage Théophylacte qui en qqe sorte met en avant, au 1er rang, l'image d'un Cheval au lieu de l'image du Christ, de la Vierge ou d'un Saint... et sans faire référence à la moindre "formule d'invocation religieuse" très habituelle sur les sceaux byzantins... Pourquoi ?
Je vous livre le texte, et mes impressions suivantes :
On peut évoquer ici l’amour excessif qu’un Théophylacte, Patriarche de Constantinople au Xe siècle, personnage de très fort caractère et "très haut en couleurs" à bien des égards vouait aux chevaux. Bien que Patriarche, il avait des vues toutes personnelles sur la religion - pas toujours très orthodoxes - et ne semblait guère aimer les faux semblants...
Selon l’ancien manuscrit de Jean Skylitzès de Madrid, c’est lui qui se distingua en récitant, à l’occasion d’une messe solennelle à Sainte Sophie, la sainte liturgie avec "une extrême précipitation" car, pendant la cérémonie, son valet lui avait chuchoté à l’oreille que sa jument préférée allait mettre bas.
Ayant terminé très rapidement son office, le patriarche a tourné le dos à l’empereur et aux délégations étrangères et s’est précipité à l’écurie, vêtu de son habit de prélat.
Le patriarche avait fait construire, à côté de sa maison, une écurie en marbre pour ses mille plus beaux chevaux. Pour nourriture, il leur donnait du raisin de Malaga, des pistaches et des amandes.
Sa passion lui fut cependant fatale, puisqu’au cours d’une promenade à cheval il chuta et se rompit le cou.
Texte ci-dessus adapté des nombreux et très passionnants écrits de Stravos Lazaris :
https://cnrs.academia.edu/stavrosLazaris?swp=rr-ac-2207086
Certains - dont je suis - se plaisent à penser que le sceau précédent (à l’effigie d’un très beau cheval et au nom d’un Théophylacte, et sans aucune mention religieuse) peut être attribué à ce Patriarche « haut en couleurs » ou sinon – a minima - au régisseur de ses écuries… Ceci dit, aucune preuve ne vient étayer ce rapprochement, d’autant que la facture même du sceau pourrait le donner plutôt antérieur au Xe siècle… Néanmoins l’hypothèse d'un tel Patriarche est très séduisante, et reste peut être à creuser.
Qu'en pensez-vous ?
Jean Luc
PS : https://thehistorianshut.com/2019/09/28/patriarch-theophylact-and-the-luxurious-lives-of-his-horses/
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La revue OMNI 
